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Hail To The Thief
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(sujet: radiohead) |
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{ Pic d’inspiration
Autant le dire d’entrée: Hail To The Thief est un
disque absolument monstrueux. Monstrueux dans sa forme (14 titres totalement
difformes allant de la ballade gothique à une relecture noisy de
l’electroclash), monstrueux dans le fond (le disque dégage
une impression de puissance poisseuse phénoménale), et monstrueux
au niveau des dommages collatéraux qu’il va faire subir à
ses concurrents directs. D’ailleurs, qui aujourd’hui compare
encore Radiohead à ses contemporains ? Le groupe est tellement
unique que la seule comparaison possible est à faire entre ses
propres disques. Dont acte.
Si Hail To The Thief est aussi « séminal »
(comme dirait Philippe Manœuvre), c’est parce que c’est
le premier album de Radiohead à coller parfaitement à son
époque, et ce tant du point de vue du contenu (on ne va pas revenir
sur le titre, ni sur les paroles cryptées de Thom Yorke) que du
point de vue de l’emballage. Musicalement, The Bends et
surtout Pablo Honey regardaient clairement en arrière,
alors que Kid A et Amnesiac étaient tournés
vers le futur. Ok Computer, considéré par beaucoup
comme le chef d’œuvre du groupe, était jusqu’à
présent le seul à échapper à cette dichotomie,
mais charriait tout de même des relents de rock progressif (au demeurant
pas désagréables) qui transformaient le disque en une relecture
des concepts albums seventies adaptée à la génération
internet. De plus, à y regarder de plus près, le disque
n’est pas complètement cohérent (un comble pour un
concept album), laissant un titre comme Electroneering nager à
contre-courant de l’ensemble.
Point de tout cela avec Hail To The Thief, qui se présente,
à l’image de sa pochette, comme une citadelle imprenable
composée d’éléments aussi disparates qu’essentiels
à sa structure. Aucun des 14 morceaux n’est inutile, aucun
des 14 morceaux ne ressemble à un autre, car chacun possède
sa propre identité, et chacun grandit Hail To The Thief.
A ce compte là, il paraît difficile d’extraire un titre
de l’ensemble, le groupe lui-même s’étant heurté
au problème, choisissant finalement le difficile, discutable et
discuté There There comme premier single. Citons tout de
même pour les lecteurs de ces pages Backdrifts, qui montre
avec ses réminiscences autechrénennes que le groupe a su
digérer ses influences électroniques (un peu trop nues sur
Kid A/Amnesiac pour en faire aujourd’hui quelque
chose de tout à fait personnel, et le surprenant Mixomatosis,
qui allie une basse electroclash à une mélodie rock imparable
(on rêve déjà de remixes signés Felix Da Housecat
ou Trevor Jackson). Comme d’habitude avec Radiohead, le titre de
fin est une tuerie, A Wolf At The Door et sa paranoïa réussissant
à surpasser en intensité les magnifiques The Tourist
(Ok Computer) et Life In A Glass House (Amnesiac).
Enfin, pour les curieux, signalons la présence de deux perles supplémentaires
sur le single There There : Paperbag Writer et Where
Bluebirds Fly qui, avec leur double habillage electronica/musique
classique, déguisent Thom Yorke en Murcof. Ah, et j’oubliais
: il n’a jamais aussi bien « chanté », si on
peut encore appeler ça comme ça.
Disque du siècle de la semaine haut la main. }
Frankie
Clanché |